La quête principale de l’humain est la félicité. Le Vedanta enseigne que nous sommes guidés par nos vasanas — désirs et aversions —, et que toutes nos actions découlent de ce jeu intérieur du « j’aime / j’aime pas ». Nous passons notre vie à tenter d’obtenir l’un et éviter l’autre. Mais comme la vie est un jeu à somme nulle, cette quête est vouée à l’échec. Aucun objet, événement ou personne n’est porteur de bonheur en lui-même, sinon il rendrait tout le monde heureux.
La vraie félicité ne s’acquiert pas : elle est notre état naturel, au-delà du mental et des conditionnements. Elle appartient à notre identité fondamentale et primaire : le Soi, notre conscience ordinaire entière et complète jamais née.
Cette félicité stable et permanente se révèle lorsque l’esprit s’installe dans sa véritable identité. Ce basculement est l’illumination, appelée Moksa – la Libération – dans la tradition védique. Pourquoi libération ? Parce qu’elle libère l’humain de ses limitations, et libère la conscience de son identification à l’humain. Une double délivrance qui transforme toute l’existence.
Pour celui qui est prêt, mûr, et reçoit les enseignements du Vedanta, cette transformation est inévitable.
Religions, philosophies, new age, néo-advaita… promettent toutes l’éveil. Mais le Vedanta est clair : ni les contorsions du corps, ni la respiration, ni les prières, ni les mantras, ni les états modifiés de conscience ne t’y mèneront. Ils peuvent t’approcher du seuil, mais seule la connaissance véritable te fera franchir la porte.
Et pour recevoir cette connaissance salvatrice (Jnana), deux styles de vie sont possibles : celui du sannyasi ou du karma yogi.
Le sannyasi est celui qui renonce au monde et à ses activités. Il abandonne tout projet de devenir pour se consacrer entièrement à la connaissance du Soi. Ce sont les mendiants qu’on retrouve au bord du Gange par exemple.
Le karma yogi, lui, reste engagé dans le monde, mais agit sans s’approprier les résultats de ses actions. Son attitude purifie son esprit et prépare le terrain pour l’illumination.
Dans ma communauté, je travaille exclusivement avec des karma yogis : des individus actifs, parfois débordés, mais spirituellement mûrs pour découvrir que la vraie liberté est déjà là, au cœur même de leur quotidien. Certains d’entre eux ont très concrètement atteint Moksa et retrouvé leur félicité innée malgré les turbulences de la vie.
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